L'amie des mortels.

« On fait la guerre quand on veut... On la termine quand on peut. »




Thréndir, l'éleveur de chevaux, avait trois filles.

L'une, Elreniël, l'aînée, était fine, élégante, mais aussi dure que l'armure d'un nain brisefer. Son caractère lui avait valu les foudres de bien des parleurs, jusqu'à ce qu'elle ne décide de prendre l'épée et le bouclier, et de partir combattre les cousins maudits. Elle était partie sans prévenir, une nuit sans lune, et n'était revenue que des années plus tard, allongée sur un brancard de verdure, portée par ses frères d'armes... Enveloppée d'un linceul. Son père ne s'en remit que difficilement.

La seconde, Caralindë, aussi belle que son aînée, avait très tôt montré des affinités particulières avec la magie bénéfique. Plus calme et modérée que sa sœur, plus sage et plus réfléchie, elle était tout de même partie, elle aussi, combattre le même ennemi qu'Elreniël des années auparavant. Elle n'était jamais revenue... Certains la disaient réduite en esclavage, au sein d'une des terribles arches noires, d'autres encore la prétendaient morte au cours d'une échauffourée avec les sombres cousins. La seule certitude était que son sort n'avait en rien été plus enviable que celui de l'ainée.

La troisième, enfin, Cameriah, semblait plus fragile et plus fine que ses deux ainées. Plus réservée et timide, aussi... Les gens des forêts ne lui connaissaient aucun véritable ami, avec qui elle eût passé ses journées. On la savait cependant adepte des longues promenades en milieu sylvestre, dans les bois et les sous bois, malgré la surprotection de son père, qui tentait de la préserver de tout, et par dessus tout, du destin qu'avaient connu ses deux soeurs.

Cameriah, la sans éclat. Aucune conversation avec ceux de son peuple, aucune amitié tissée avec les gens de son pays, qu'elle trouvait froids et hautains. Elle leur préférait la compagnie des aventuriers de passage, mortels pour la plupart, qu'elle rencontrait au hasard de ses promenades quotidiennes. Des magiciens, parfois, aux longues barbes grisées... Des guerriers, d'autres fois, armés de leurs épées, et engoncés dans leurs armures. Ou encore tout simplement des voyageurs, attirés par l'aventure et les trésors.

Telles étaient les fréquentations de la jeune fille, au grand damn de ses semblables, et de son père.

Fatalement, ces mêmes fréquentations avaient conduit la jeune elfe à s'engager elle même, à l'instar de ses deux sœurs, sur la voie de l'aventure, et plus tard, de la guerre. Sans en toucher mot à quiconque, ni à Thréndir, ni à aucun de ses semblables, elle était partie, une nuit, n'emportant en tout et pour tout qu'un arc de chasse, et une écharpe, dans laquelle elle cachait le bas de son visage. Elle avait d'abord suivi la voie d'Elreniël et de Caralindë, participant à quelques escarmouches contre les elfes noirs. Puis son chemin avait différé de celui de ses sœurs, et elle avait emprunté une voie peu commune, pour une jeune elfe d'origine dite « respectable »... Une voie qui l'avait menée bien loin de ses foyers...








[hrp: j'ai peur que l'histoire entière ne soit trop indigeste sur un seul poste, j'écrirais donc la suite au fur et à mesure.]